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Renforcement des capacités des Femmes leaders
Problèmes de succession dans les partis politiques et les Associations Sans But Lucratif en RD Congo

Dans le cadre du renforcement des capacités des femmes politiques et leaders, l’ISDD a organisé le dernier séminaire de formation de l’année 2018, du jeudi 16 au vendredi 17 Août 2018 dans la salle CADEA.

Intervention du Prof. KASONGO

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La question de la succession au sein des partis politiques et des Associations Sans But Lucratif en RD Congo a été au cœur de cette formation qui a connu la participation de cinquante femmes leaders et membres des partis politiques toutes tendances confondues.

Le premier jour, les participantes ont suivi successivement les interventions du professeur KIBANDA MATUNGILA, Directeur de l’ISDD, du professeur Emmanuel KASONGO et du Chef des Travaux Willy KALALA.

Le professeur KIBANDA a introduit ce séminaire par les questionnements ci-après en rapport avec le thème de l'activité :

- En principe, tous les partis politiques et les ASBL reconnus officiellement en RD Congo sont dotés des statuts et règlements intérieurs qui définissent les modalités de succession en cas d’incapacité ou du décès de leurs présidents. Mais pourquoi à la mort des responsables des partis politiques ou des associations, assiste-t-on à des crises de succession ?

- Que révèlent ces crises de succession au sein des partis politiques et Associations Sans But Lucratif sur l’appropriation par les Congolais de la culture associative ?

Le Professeur Emmanuel KASONGO a exposé sur le sous-thème : Problèmes de succession dans les partis politiques, quelles leçons tirer du point de vue du respect et de l’appropriation des textes les régissant ? Après avoir donné la définition des concepts de base, le professeur a mis un accent sur les fonctions d’un parti politique. A la question de savoir pourquoi la succession pose problème dans notre pays, il a épinglé entre autres les causes ci-après : l’appréhension du pouvoir par les Congolais, la culture de l’oralité, le manque de préparation de la relève, le manque de culture testamentaire, la vision autocratique de la chose collective, etc. Le professeur KASONGO, a clôturé son intervention en donnant quelques pistes de solution en vue de résoudre ce problème de succession au sein des partis politiques.

M. Willy KALALA, 2ème intervenant

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Le deuxième intervenant, M. Willy KALALA, s’est focalisé sur les problèmes de succession au sein des églises de réveil en RD Congo. Dans son introduction, il a relevé l’effervescence religieuse et la prolifération des églises de réveil dans la ville de Kinshasa. Ces églises a-t-il dit, sont caractérisées par une gestion patrimonialiste et une faible institutionnalisation. En ce qui concerne l’histoire des églises de réveil au Congo, M. KALALA a mentionné deux principales vagues. La première vague a commencé avec le prophète Simon KIMBANGU en 1921 sous une dimension révolutionnaire face au pouvoir colonial. La deuxième vague, pentecôtiste, est venue vers les années 1970 avec le pasteur Aidini ABALA.

En RDC, les églises font partie des associations sans but lucratif confessionnelles et sont régies par la loi n° 004/ 2001 du 20 juillet 2001 portant dispositions générales applicables aux associations sans but lucratif et aux établissements d’utilité publique.

Pour ce qui est des difficultés vécues lors de la succession, l’intervenant a pris un échantillon de quatre églises suffisamment implantées dans le pays, à savoir l’Eglise Kimbanguiste, l’Eglise FEPACO/Nzambe malamu, l’Eglise du Dieu vivant, Dieu de Sikatenda ainsi que l’Eglise de Vérité BIMA, qui ont connu des crises de succession lors des décès de leurs fondateurs respectifs.

De ces quatre cas sus-évoqués, l’intervenant a conclu qu’en RD Congo, au lieu que les églises et les partis politiques fonctionnent comme des creusets de la démocratie, des lieux d’apprentissage de la gouvernance de type démocratique, on assiste malheureusement à la marginalisation des organes statutaires, à la concentration des pouvoirs par les leaders, au manque de transparence dans la gestion, etc. Comme solutions, l’orateur propose la promotion de la culture d’association, que les membres statutaires assument pleinement leurs responsabilités et que les autorités qui gèrent les associations confessionnelles veillent au strict respect de la loi.

Prof. OBOTELA, dernier intervenant

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Le professeur Noel OBOTELA a donné sa communication le deuxième jour, sur des expériences vécues en matière de gestion et de succession dans les partis politiques et dans les ASBL en RDC. Il a introduit son exposé par un constat : généralement dans les partis politiques, c’est à l’approche des élections que les scissions se remarquent, cela dans le seul but d’accéder au pouvoir politique ou à la mangeoire. Du point de vue origine, il a relevé le fait que les partis politiques en RD Congo proviennent d’une mutation des mutuelles tribales d’avant l’indépendance. Aussi, la plupart des partis politiques congolais sont créés dans l’improvisation. Dans ce contexte, leur fonctionnement est, pour la majorité, dominé par un grand fossé entre les textes les régissant et les réalités vécues dans leur existence.

Actuellement, notre pays compte plus de 500 partis politiques, souvent des partis de mallettes, sans ancrage sur le plan national, une sorte de boutiques montées pour la satisfaction des intérêts individuels et dont la gestion est monolithique.

Pour sortir de cette difficulté, le professeur OBOTELA a suggéré quelques pistes de solution : améliorer la situation socioéconomique des citoyens, accorder une importance à l’éducation à la citoyenneté, instaurer la culture du respect des textes, avoir des partis politiques à ancrage réellement national, gérer les partis politiques comme on gère les entreprises, éviter le népotisme, ne pas considérer le parti politique comme un job. Bref, les partis politiques doivent être des instruments de socialisation pour changer les mentalités.

Mot de clôture de la Chargée de Programme

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Ce dernier séminaire de renforcement des capacités des femmes leaders a été clôturé par le mot de Madame Fifi FALASI, Chargée de programme de la Fondation Hanns Seidel. Au nom du Représentant-Résident de la Fondation, elle a apprécié l’assiduité avec laquelle les femmes ont suivi les différentes formations de l’année et a félicité l’ISDD pour le travail abattu en encadrant les femmes leaders congolaises. Elle a encouragé les femmes à rester en contact par un réseau, à viser l’excellence et à s’engager avec courage comme candidates dans le processus électoral en cours.